Coronavirus : qui des femmes ou des hommes sont les plus touchés ?


Si les femmes semblent davantage contaminées, elles meurent toutefois moins que les hommes, dans la plupart des pays. Existe-t-il alors une différence entre les genres face au Covid-19 ?

En Chine, 63,8 % des décès recensés concernent des hommes. En Espagne, si le taux d’infection entre les femmes et les hommes est quasi similaire, le Covid-19 a tué deux fois plus de personnes du genre masculin, rapporte le quotidien El Paìs. Selon les chiffres publiés par le British Medical Journal, ou BMJ, une revue médicale britannique, en Italie, 59 % des cas de coronavirus sont des hommes, mais ils représentent 71 % des décès. En Corée du Sud, 38% des individus infectés sont de sexe masculin. Pourcentage de morts ? 54 %. Idem en France. Au 15 mars, 58,4 % des décès recensés étaient des hommes. Ainsi, d’après l’analyse « Sex, gender and COVID-19 » du Global Health 50/50, menée dans 20 pays pour CNN, au total, les hommes auraient 50 % de chance de plus de mourir que les femmes du coronavirus. Comment expliquer une telle différence ? L’immunité en est-elle la cause ?

Des causes génétiques et hormonales

Face aux infections, les femmes et les hommes ne semblent pas être égaux. En effet, le genre féminin a immunité plus robuste. Un fait illustré notamment par la surreprésentation des femmes parmi les personnes victimes de maladies auto-immunes (environ 80 %). « C’est une tendance que nous avons constatée dans de nombreuses infections virales des voies respiratoires : l’évolution tend à être plus grave chez les patients de sexe masculin », déclare Sabra Klein, de l’école Bloomberg de l’université Johns Hopkins, dans le New York Times.

Des scientifiques ont d’ailleurs pu observer une mortalité supérieure des hommes sur les femmes lors d’autres épidémies virales (premier Sars-CoV en 2002-2003 et Mers-CoV en 2012), affectant le système respiratoire.

Plusieurs rapports mettent en avant des causes à la fois génétiques et hormonales, note Futura Sciences. Tout d’abord, le chromosome X, qui comporte divers gènes d’immunité. La femme en possède deux exemplaires, contre un seul chez l’homme, précise une étude diffusée dans la revue médicale BMC.

D’autre part, d’après des expériences menées sur des souris, des chercheurs en sont venus à cette conclusion : les œstrogènes ont un rôle protecteur contre les coronavirus SARS-CoV-1 et MERS-CoV. Ils amenuisent la réponse inflammatoire. D’autres mettent en avant la piste évolutionniste, selon laquelle les femmes seraient plus « intéressantes » en tant qu’hôtes pour les agents infectieux. Etant donné qu’elles peuvent les transmettre au fœtus pendant la grossesse, à la naissance et lors de l’allaitement, le virus s’ajusterait pour être moins dangereux.

Une différence de mode de vie ?

Les hommes auraient aussi un mode de vie moins sain que les femmes. « Le taux de mortalité [du Covid-19 ndlr] est étroitement lié aux comorbidités comme l’hypertension, le diabète ou les maladies cardiorespiratoires, qui affectent davantage les hommes », indique le directeur chargé de la coordination des alertes sanitaires auprès de ministère de la Santé espagnol, dans El Paìs.

La cigarette pourrait aussi jouer en la défaveur des fumeurs, majoritairement masculins, même si la différence dans certains pays est moindre. Une chose est cependant sûre, la cigarette accroît en effet à la fois le risque de contamination (puisqu’elle est portée à la bouche avec les doigts) et la mortalité (en diminuant la capacité pulmonaire). S’ajoutent à cela des facteurs d’hygiène et comportementaux : plusieurs rapports relatent que les hommes se lavent par exemple moins les mains après être allés aux toilettes. Les femmes sont, quant à elles, plus attentives à leur santé et consultent plus tôt en cas de soucis. Cela accroît donc leur chance de survie.

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