Coronavirus : la méthode sud-coréenne est-elle la bonne ?


La Corée du Sud recense l'un des plus bas taux de mortalité parmi les pays touchés par le Covid-19. Le nombre de personnes infectées décroît chaque jour. Comment y est-elle parvenue ? Julien Monnet, un Français d’origine sud-coréenne expatrié répond à nos questions.  

Alors que la pandémie de Covid-19 ne cesse de s’aggraver de jour en jour autour du globe, notamment en Europe et aux Etats-Unis, certaines nations semblent avoir réussi à ralentir la propagation. C’est le cas de la Chine, mais aussi de la Corée du Sud. Selon les derniers chiffres publiés par le KCDC (Centre coréen de contrôle et de prévention des maladies), ce vendredi 27 mars, le pays enregistré à 10 heures, 91 nouveaux contaminés et 8 morts, sur 9332 cas au total. Le 29 février dernier, 909 nouveaux cas avaient pourtant été comptabilisés en une seule journée. Quelles méthodes le gouvernement a-t-il mis en place ? Julien Monnet, un Français d’origine sud-coréenne de 38 ans, installé depuis presque 2 ans à Geoje, témoigne.

Depuis quand la Corée est-elle confrontée au coronavirus ?

Les premiers cas de Covid-19 sont apparus en janvier 2020. La population était alors très en colère contre le président sud-coréen car il n’a pas pris toutes les mesures nécessaires pour empêcher la propagation du coronavirus. Il n’aurait pas dû laisser les frontières ouvertes avec la Chine. En revanche, la population a été préparée à une éventuelle pandémie.

Quelles préventions ont été mises en place ?

Contrairement à d’autres nations, comme l’Italie ou la France, l’Etat sud-coréen a su anticiper. De nombreux messages de prévention ont été diffusés via des publicités à la télé ou sur les réseaux sociaux : ils nous indiquaient comment bien se laver les mains ou comment porter le masque, nous expliquaient les symptômes du virus… Nous avons été très bien informés.

Comment expliquez-vous que la Corée du Sud est l’un des taux de mortalité les plus bas sans mesure de confinement stricte ?

Premièrement, l’ensemble des habitants ont constamment un masque. Certes, les prix ont au départ flambé. Ils ont en revanche rapidement été régulés par le gouvernement. D’ailleurs, pour éviter toute pénurie comme en France, et assurer un nombre de masques suffisant pour toute la population, des mesures strictes ont été établies : la production pour les pays étrangers a été arrêtée et les achats de masques en pharmacie ont été limités à deux par personne et par semaine. Nous sommes autorisés à y aller en fonction de notre date de naissance.

Je ne comprends pas qu’en France on puisse dire que les masques ne servent à rien. C’est criminel !

Pour endiguer la propagation du Covid-19, le dépistage s’effectue également à grande échelle. 15 000 par jour en moyenne sont réalisés et les résultats sont rendus en moins de 24h. Les personnes contaminées sont alors mises en quarantaine et leurs déplacements sont retracés et communiqués de façon préventive à la population par SMS et consultables en temps réel sur le site internet coronamap.

Les données recueillies proviennent des images de vidéo-surveillance, d’analyse des cartes bancaires ou des téléphones des malades.

Selon vous, les données de tracking permettent-elles d’endiguer la propagation du virus ? Quid du contrôle de la vie privée ?

Oui, clairement. Les chiffres le prouvent. Le tracking est une bonne chose, même si cela peut paraître étonnant aux yeux des occidentaux. Il permet de sauver des vies humaines. En Corée du Sud, les habitants sont habitués à être contrôlés. Nous possédons d’ailleurs tous des caméras dans nos voitures. Les assurances s’en servent en cas d’accident. Si nous n’avons rien à nous reprocher, je ne vois pas en quoi cela porte atteinte à notre vie privée. Tout le monde devrait appliquer ces règles, la France aussi.

Que pensez-vous d’ailleurs de la situation en France et en Europe ? Le confinement sans dépistage massif et sans matériel de protection peut-il d’après vous donner de réels résultats ?

Ce qu’il se passe est catastrophique. Un confinement sans dépistage à grande échelle ne sera pas vraiment efficace. C’est pourquoi je lance un message au gouvernement français dans l’une de mes vidéos postées sur les réseaux sociaux.

La non réalisation des tests de dépistage pour l’ensemble des voyageurs et touristes arrivant sur le sol français est incompréhensible. Le non port du masque également ! Même le personnel soignant en manque. C’est criminel ! Le gouvernement français n’a pas anticipé. Il avait pourtant 3 mois pour se préparer et stocker des masques, des gels hydroalcooliques et commander du matériel médical.

C’est pourquoi j’appelle le peuple français à demander des comptes au gouvernement. Chaque jour, l’Etat doit pouvoir communiquer des chiffres sur le matériel fourni en métropole et dans les DOM-TOM : nombre d’usines ouvertes pour pallier la pénurie de masques, de gel, de tests de dépistage, etc. Etant commerçant et en lien direct avec les fournisseurs chinois, il m’est possible d’avoir une très grande quantité de masques et de tests. Que fait donc le gouvernement français ?

J’appelle les habitants à contacter les mairies, les médecins et infirmiers libéraux afin de pouvoir dépister en masse et ouvrir des gymnases et des écoles pour isoler les malades. Cela ne va pas assez vite à l’échelle nationale, il faut alors agir au niveau local.

Les élus doivent s’investir aussi. Je peux fournir les tests si besoin, il suffit de me communiquer l’adresse. Sans ces actions, la pandémie risque de perdurer. Le gouvernement devra répondre de ses actes, et surtout non actes, aux Français et aux familles des victimes.

Pour connaître les activités quotidiennes de Julien Monnet, suivez-le sur Facebook ou Instagram.
Il partage également ses bons plans sur son blog France-corée-du-sud.com 

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