Violentomètre sur des sacs à pain : quand acheter une baguette devient un acte engagé


Acte citoyen. Votre relation amoureuse est-elle toxique ? Pour prévenir les femmes des degrés de violences dont elles peuvent être victimes, Nous Toutes distribue des sacs à pain dans les boulangeries de France, sur lesquels sont imprimés des violentomètres. Entretien avec Laura Juvignot, la présidente du collectif féministe.

Chaque année, en France, 225 000 femmes sont victimes de violences physiques ou sexuelles au sein de leur couple. Pour lutter contre ce fléau qui s’est accentué depuis le début de la crise sanitaire, le collectif féministe Nous Toutes a distribué durant tout le mois de mars 615 000 sacs à pain préventifs, dans les boulangeries de France. « En raison des confinements, les signalements de violence ont augmenté de 60% », regrette-t-elle. Voici pourquoi elle a souhaité, à l’aide de près de 3000 volontaires, poursuivre l’idée originale de la ville de Noisy-le Sec (Seine-Saint-Denis), qui, en novembre 2020, a distribué des violentomètres dans des boulangeries.

Estimant les moyens gouvernementaux « insuffisants », afin de réaliser cette campagne de sensibilisation, la militante a lancé une cagnotte en ligne en février dernier, via Leetchi. En la partageant principalement sur les réseaux sociaux, 33 000 euros ont pu être récolté. Cet argent a ainsi permis de financer l’impression de centaines de milliers de violentomètres sur des sachets de pain. « La baguette de pain, objet banal du quotidien, peut devenir un support de prévention très utile et très stratégique, afin de toucher les femmes victimes de violences, même les plus isolées », explique Laura Jovignot. Elles ont été favorisées, car elles « présentent l’avantage d’être des commerces dits “essentiels”. C’est un des seuls commerces qui ne ferme pas pendant cette crise sanitaire ».

Violentomètres : mesurez le degré de violence au sein de votre couple en achetant une baguette

Cet outil de mesure coloré « a été créé par des féministes d’Amérique Latine », indique Laura Jovignot, la présidente. « En France, il a été adapté par le centre Hubertine Auclert, la région Île-de-France, le département de Seine-Saint-Denis et l’association En Avant Toutes », ajoute-t-elle.
Des exemples concrets de la vie quotidienne, classés en 3 catégories – verte, orange et rouge, permettent, via le graphique, de mesurer le degré de violence au sein d’un couple.

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Au total, « une vingtaine d’attitudes sont détaillées pour amener à une prise de conscience des victimes », détaille la présidente de l’association féministe. En fonction des résultats obtenus, ces dernières ont la possibilité de solliciter de l’aide en composant l’un des numéros d’urgence inscrits au verso du sac à pain : le 17, le 115 ou le 3919 (Violences Femmes Infos).

Vous souhaitez participer au projet et convaincre votre ville ? Peu importe le lieu ou le pays que vous habitiez. Nous Toutes propose sur son site une lettre type qui peut être envoyée à votre mairie. Votre commune peut aussi avoir « un rôle clé à jouer dans la lutte contre les violences conjugales, car c’est l’institution politique la plus proche des citoyennes », peut-on lire dans le courrier. Et si on élargissait le mouvement ?

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